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Bournezeau, le 15 Novembre 2017
Monsieur le Président, Monsieur Nicolas Hulot,
Nous tenons à partager avec vous les exemples suivants des méfaits de la chasse à courre, voire de la chasse à loisir tout court, qui font froid dans le dos :
En 2006, un cerf était rentré dans la buanderie de la maison des R. où se trouvait alors la mère de famille. L'animal a été achevé dans la pièce. Un an plus tard en 2007 un autre cerf de 200 kg poursuivi par 40 chiens de meute est entré dans l'habitation de la même famille R… en fracassant une baie vitrée et en saccageant le mobilier (vaisselle, matériel de musique, meubles…). L'animal a été mis à mort dans la cuisine.
En 2014 un cerf, qui était poursuivi par un groupe de chasseurs à courre, a terminé dans le jardin d’une maison où il a été abattu au fusil sous les yeux de la famille qui y habitait.
La même année en 2014 un cerf s’est noyé dans un étang communal en plein vue d’enfants qui en ont été traumatisés
En 2015 la partie de chasse à courre du 14 février a troublé la sérénité des habitants, voire posé quelques problèmes de sécurité. Un cerf a été pourchassé par une meute de soixante chiens « mal maîtrisés » selon le parquet, pendant près de trente kilomètres, traversant forêts, hameaux, champs et… routes.
http://www.bienpublic.com/edition-haute-cote-d-or/2017/02/13/une-folle-chasse-a-courre
En 2016 suite à une opération de chasse en forêt de Fontainebleau, un cerf adulte s’est trouvé pris au piège en plein centre ville. « Il a déboulé rue de Fleury, pourchassé par les chasseurs qui essayaient de le stopper, et d’éviter qu’il ne créé un accident » Finalement, le cerf a traversé le très fréquenté Boulevard de Constance, évitant la collision de justesse par un saut majestueux !
En 2016 un samedi, une habitante de Pont-Sainte-Maxence a vu débarquer un équipage de chasse à courre devant chez elle. Chassant dans la forêt d'Halatte qui entoure la zone résidentielle, les chasseurs poursuivaient un cerf, qui avait trouvé refuge dans le jardin d'une riveraine. « L'animal a sauté de maison en maison pour se cacher. Il y avait une trentaine de chiens qui le poursuivaient »
En plus de ces quelques exemples, il ne faut pas oublier le cas tout récent du 21 octobre 2017, où un cerf a été abattu par un chasseur dans un jardin privé de l'Oise sans l'autorisation du propriétaire. Le même cerf a heurté un véhicule de plein fouet dans sa fuite. http://ava-picardie.org/2017/10/17/jamais-3-4/
Ces cas ne sont pas isolés et montrent que la chasse à courre est une activité qui peut mettre en danger les citoyens et leurs enfants, leurs propriétés et leurs animaux de compagnie ainsi que les animaux d'élevage, car même si les règles sont respectés à la lettre trop est laissé au hasard. Les gibiers sont des animaux sauvages mis sous le stress et la pression par la chasse, qui s'enfuient et cherchent refuge dans les bourgs, les villages, les zones d'habitations, les maisons et jardins, les parcs avec toutes les conséquences qui s’ensuivent. l'ONCFS l'avoue :« Stopper les chiens n’est pas toujours aisé, ce qu’a bien pris en compte le législateur en précisant au dernier alinéa de l’article L.420-3 que « N’est pas considéré comme une infraction le fait, à la fin de l’action de chasse, de récupérer sur autrui ses chiens perdus » » . http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/article_PDF/article_a1669.pdf
Nous sommes choqués par l'indifférence qui semble exister envers les conséquences de la chasse à courre pour la sécurité publique, dans l’intérêt de maintenir un soi-disant sport ou tradition. En plus, les chasseurs, privilégiés, semblent être les seules personnes dont le passe-temps est protégé, et ceci même si cela entraîne régulièrement la mort ou des blessures à d'autres personnes et à leurs animaux. Les chasseurs semblent être en mesure d'entrer dans des propriétés privées sans autorisation et si l’on interfère avec leur passe-temps, on peut être puni par les autorités.
La chasse à courre date d'une époque révolue où le pays était peu peuplé, le transport se déplaçait à la vitesse d'un cheval et le terrain appartenait pour la plupart à un nombre relativement restreint de personnes. Les privilèges spéciaux qui sont accordés à la chasse n'ont pas leur place dans le monde moderne où la campagne est plus densément peuplée, sillonnée de routes où les véhicules circulent à 90 km/h et où les droits de dizaines de personnes peuvent être lésés en une seule journée par des chiens et des personnes à cheval qui s'introduisent sur leur territoire ou sur des lieux publics.
La cruauté de la chasse à courre est terrifiante, monstrueuse et choquante. Les images et vidéos le montrent pleinement. (One Voice, http://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/oise/compiegne/video-choc-denonce-pratique-chasse-courre-foret-compiegne-1335775.html ) L'opinion des scientifiques est unanime. « Le cerf risque de souffrir dans les derniers stades de la chasse. » selon le rapport Burns de 2000 ( https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/265552/4763.pdf ) au Royaume Uni qui a résulté en l'abolition de la chasse à courre en Bretagne et en Ecosse. Le même rapport s'exprime sur le bien-être des autres gibiers: « Nous sommes satisfaits, néanmoins, que cette expérience compromet gravement le bien-être du renard, du lièvre, et du vison. »
Le professeur Patrick Bateson, éminent spécialiste britannique du comportement animal, a publié une étude en 1997 sur le bien-être des cerfs chassés et les résultats ont choqué tout le monde, y compris lui-même. Réfléchissant sur ses découvertes dans The Times, il écrit:
« Les cerfs ne sont pas équipés de glandes sudoripares dans leur corps. Ils surchauffent lorsqu'ils sont chassés et leur type de fibre musculaire n'est pas adapté à la course d'endurance (...). Cependant, même ces conclusions initiales ne me préparaient guère aux changements étonnants de la physiologie du cerf chassé (...) Bref, il y a beaucoup de changements physiologiques sérieusement inadaptés et qui ne devraient pas se produire normalement. Le schéma des données suggère que les animaux chassés sont extrêmement effrayés lorsqu'ils tentent de s'échapper. »
Les membres du comité d'enquête du gouvernement Burns ont déclaré: «Les scientifiques semblent s'entendre pour dire que, au moins pendant les 20 dernières minutes de la chasse, le cerf risque de souffrir de l'épuisement du glycogène. » https://www.league.org.uk/deer-hunting
Par conséquence, depuis déjà des années la chasse à courre a perdu son soutient dans la société française. Plusieurs propositions de loi pour l'interdire ont déjà été présentées par des députés, des sénateurs. La population française s'est exprimée négativement sur la chasse à courre en 2010. Un sondage, réalisé par One Voice/IPSOS, révèle que 79 % des Français sont opposés à la pratique de la chasse à courre. Ils sont même 75 % à être favorables à son interdiction. https://one-voice.fr/presse/revelations-sur-la-chasse-courre-en-france/
D'autres pays comme l'Allemagne déjà en 1952, la Belgique en 1995, l'Écosse en 2002, l'Angleterre et le Pays de Galles en 2004, le Danemark, la Norvège, la Finlande, la Belgique, les Pays Bas ont donné le bon exemple en abolissant cette pratique barbare qui remonte au Moyen Age et qui n'a pas sa place dans notre société moderne.
Nous pensons que le moment est arrivé de sérieusement prendre en compte les initiatives prises auparavant. Nous félicitons Madame Laurence Parisot et nous la rejoignons dans sa demande au gouvernement de mettre fin définitivement à la chasse à courre en France.
Une interdiction de la chasse à courre n’aurait que peu d’impact économique car elle ne constitue que 5% de la totalité de la chasse http://chasseurdefrance.com/limpact-economique-social-et-environnemental-de-la-chasse-francaise/ . Depuis l'interdiction au Royaume-Uni en 2004, il n'y a eu aucune preuve d’importantes pertes d'emplois.
En ce qui concerne l'argument de la régulation des populations des gibiers comme le cerf, le petit pourcentage tué par la chasse à courre est insignifiant (quelques centaines des 50.000 cerfs par an sont tués par la chasse à courre.) http://rmc.bfmtv.com/emission/faut-il-interdire-la-chasse-a-courre-c-est-archaique-et-barbare-1301347.html . Aussi pour la régulation des autres gibiers, l'expérience de l'abolition de la chasse à courre en Angleterre a démontré que la part de la chasse à courre est négligeable.
La chasse à courre ne fait pas partie des droits de l’homme, a décidé la Cour européenne des droits de l’homme en 2009 après son abolition en 2004 en Angleterre! http://www.cpepesc.org/La-chasse-a-courre-ne-fait-pas.html
Maintenir, donc, un soi-disant “sport” cruel simplement pour satisfaire la soif de sang et le plaisir de tuer d’un petit groupe de personnes privilégiées est inacceptable. Pour satisfaire le besoin d'avoir des rencontres conviviales dans les forêts avec des chiens et des chevaux, et d'admirer la nature, il existe beaucoup d'autres façons de le faire sans la torture et l'effusion du sang d'un animal sentient.
Notons d’ailleurs que dans les exemples précédents l’excuse des chasseurs est systématiquement qu’il fallait « éviter que l’animal crée un accident ». C’est tordre la vérité. S’il y a risque d’accident, c’est le chasseur, et lui seul, qui en est responsable, en faisant fuir un animal apeuré qui sinon serait resté tranquillement caché dans son milieu naturel. Il est temps d’en finir avec ces mensonges.
Et surtout, voulez-vous vraiment que des enfants soient témoins, dans leurs propres jardins et maisons ou en se promenant à la campagne, de tueries barbares de magnifiques animaux sauvages? Ils en seront certainement endommagés psychologiquement pour le reste de leur vie.
Monsieur Macron, Président de la République, vous avez promis avant votre élection :
de Reconnaître à tout animal sauvage le statut d'être vivant doué de sensibilité. (nr 21 Manifeste Animal Politique),
d' Interdire les pratiques barbares, réprimer les pratiques sources de stress infligées aux animaux sauvages pour des buts autres que la protection ou la conservation. (nr 22 Manifeste Animal Politique),
de Réformer la chasse pour mieux protéger la faune sauvage et favoriser le retour naturel des grands prédateurs. (nr 23 Manifeste Animal Politique)
Monsieur Hulot, Ministre de la transition écologique et solidaire, vous avez dénoncé la chasse à courre dans la presse comme une « pratique d’une autre époque » et vous avez promis d'ouvrir « un débat de société sur ce type de pratique de chasse qui interroge de plus en plus l’opinion publique » avec le but sans aucun doute de vouloir mettre fin à cette pratique.
Nous comptons sur vous!
Nous vous prions d’accepter l’expression de notre profond respect,
Marit de Haan (Présidente Association NALA 85480)