Le Faisan
La chasse aux petits gibiers
Sur le terrain nous observons de temps en temps des faisans, des perdrix, des cailles..... On ne les voit presque jamais en été, mais surtout l'hiver quand ils viennent pour chercher de la nourriture. La plupart de ces animaux ont été élevés dans des élevages en Vendée juste à côté de nous. Il y en a beaucoup: 14 selon cette liste que en Vendée. https://www.pecheretchasser.com/chasse/chasser/les-eleveurs-gibiers/gibiers-85-vendee/
Selon le document de l'ONCFS sur le faisan plus de 3 millions d’individus sont chassés/tués par an pour l’ensemble du territoire. "Une partie non négligeable de ces prises provient d’oiseaux issus de lâchers (plusieurs MILLIONS par an)."
Donc les faisans que vous foyez dans votre jardin ne sont très probablement pas sauvages... http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/Eclairage-Faisan-Web.pdf
Une éleveuse de faisan pour la chasse témoigne:
"Les poussins naissaient dans un élevage de Vendée, pendant la nuit juste avant d’être livrés en camion dans mon élevage, donc âgés de moins d’un jour. On les mettaient en bâtiment avec une température surveillée. Des cloches chauffées au gaz étaient suspendues au plafond pour que les poussins puissent se rassembler dessous. Ils avaient de l’eau dans des abreuvoirs. De la poudre avec antibiotiques était répandue.
Les faisans étaient nourris avec des granulés complémentés en antibiotique. Ces aliments ne devaient être délivrés que par un vétérinaire, mais les chasseurs s’approvisionnaient directement auprès du fabriquant. Ce n’est qu’en grandissant que les faisans recevaient aussi avec des graines, avec toujours des cures de vitamines et de vermifuges.
Mon travail consistait à surveiller la température dans les bâtiments, à ajouter de la sciure si besoin. Je ne nettoyais pas les bâtiments car les chasseurs le faisaient, à mon grand regret car ils rentraient sans précaution sanitaire. Malgré leurs moqueries, j’ai instauré des pédiluves pour désinfecter les bottes, car il y avait énormément de mortalité avec mes prédécesseurs, à cause des infections qui circulent d’un bâtiment à l’autre.
J’avais ouvert une pharmacie pour soigner les faisans blessés, car ils sont très agressifs entre eux, à cause de leur concentration dans les bâtiments. Ils peuvent au minimum s’abîmer le plumage. Or pour les chasseurs, la qualité du plumage est primordiale."
"10% des oiseaux mourraient. Avant mon arrivé, c’était bien pire, c’était une horreur. Il n’y avait pas de surveillance. C’est même à cause du taux de mortalité que le président de la société de chasse avait ajouté le deuxième lot de 1000 faisans supplémentaire à élever."
https://blogs.mediapart.fr/pierre-rigaux/blog/061218/entretien-avec-une-ancienne-eleveuse-de-faisans
L'association One Voice a publié une enquête ce septembre 2019 sur des élevages de gibiers. Elle met en lumière les conditions de détention de faisans et de perdrix destinés à la chasse dans quatre élevages français, dont une aux Herbiers (Vendée).
One Voice estime le « système inepte et cruel à tous les niveaux », en précisant : « La logique est industrielle : insémination artificielle et chaînes de tri automatisées pour les poussins nés en incubateur, loin de leurs parents. Au prime âge, les oiseaux vivront dans le noir durant des semaines (l’obscurité limite les agressions dans les concentrations d’animaux grandissant au sol, jusqu’à 50 par m2). Au stade juvénile, il faudra appareiller leur bec de plastique contre les atteintes physiques dans ces élevages à haute promiscuité. Douleur de la perforation des cloisons nasales, gênes dans la déglutition, sont parfois mortelles. »
"La présence humaine est ténue, les oiseaux sont livrés à eux-mêmes dans un univers sans enrichissement, au nourrissage automatisé et chimique. L’herbe a disparu depuis longtemps sous les incessants allers-retours des faisans rendus fous par la captivité. La terre est nue, ceinte de grillages doublés de filets de protection. Se jeter contre le grillage ne sert à rien, mais c’est leur principale activité. Le pire concerne les mâles reproducteurs, qui ne quitteront leur clapier ou volière qu’après deux ou trois ans de service, premier et dernier envol…"
"Les oiseaux...seront relâchés après au moins 15 semaines d’élevage industriel, et donc sont incapables de survivre dans la nature ! Face aux prédateurs, aux voitures, aux difficultés pour s’alimenter, aux maladies et bien sûr aux fusils qui les guettent, leur espérance de vie est très limitée."
La survie est selon l'ONCFS 40 à 80% chez les jeunes de moins de 10 semaines, chez les adultes environ 50% sur un an (évidemment à cause de la chasse et le piègeage entre autre) Un faisan en captivité peut vivre entre 11 et 18 ans.
Il serait lâché annuellement plus de 10 millions de faisans selon différentes sources. Cela explique qu’il est prélevé dans tous les départements. Cela explique aussi que le cliché « faisan = gibier de tir » ait encore la vie dure auprès des chasseurs, et surtout du grand public. (ONCFS) Et selon l'ASPAS 1 sur 4 faisans tué à la chasse provient d'un élevage:
Dans ce document de l'ASPAS vous trouverez encore plus d'information sur l'élevage, le lâcher et la chasse aux petits gibiers faisan, perdris, cailles etc...... ces photos ci-dessous sur l’attrapage et les lâchers de ces animaux viennent de ce rapport.
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