En premier lieu, un Plan d’action international adopté par les Parties signataires de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA), auxquelles appartient la France, concerne le courlis cendré. La France s’est donc engagée légalement dans cet accord et est dans l’obligation d’appliquer ces engagements. Adopté en 2015, ce plan / ce accord a été voté par plus de 20 pays et indique que la réouverture de la chasse de cet oiseau en France dépend de la mise en place d’un plan international de gestion adaptative des prélèvements.
Ce Plan d’action international vise donc ainsi à restaurer les effectifs des populations de cette espèce, à une échelle globale, mondiale, c’est-à-dire qu’elle vise à "restaurer le statut de conservation mondial dans la Liste rouge UICN de cette espèce en la faisant passer de la catégorie : « Quasi-menacé » attribuée en 2007, à la catégorie : « Préoccupation mineure »" à l’horizon 2025. Du fait du déclin important de sa population (-43% depuis 1980 en Europe, -68% depuis 2001 en France), le courlis cendré est même classé dans la catégorie « Vulnérable » de la liste des espèces menacées de disparition de l’UICN en Europe.
Validé au cours de la réunion de Paris du 18 septembre 2019,le plan d’action international présente comme bilan le fait que « les pays de l’aire de répartition[du courlis cendré] sont d’accord pour lancer un processus de gestion adaptative au niveau international. La chasse ne pourra reprendre dans aucun pays membre et donc en France, tant que le processus ne sera pas effectif. ». Le Conseil d’État a par ailleurs suspendu un arrêté de 2019 autorisant l’ouverture de la chasse au courlis cendré (quota de chasse de 6000 courlis) en France, en prenant en compte ce plan d’action international, considérant que la gestion adaptative de cette espèce n’était pas encore mise en œuvre, grâce à une contestation de la LPO. Le comité d’experts sur la gestion adaptative crée en 2019, dans son avis, préconise un arrêt de la chasse de cette espèce menacée d’autant que qu’il n’y aucune donnée qui permette d’apprécier l’origine et l’âge des individus prélevés, ainsi que sur les tableaux de prélèvements annuels du courlis (obligatoires pour tous les limicoles chassés sur le domaine public maritime.
Enfin, pour ce qui est de la biologie de ce limicole, il est très sensible à la chasse (espèce longévive à maturité sexuelle tardive et faible fécondité). La destruction et dégradation de son habitat est également responsable de son déclin. Il faut réduire toutes les pressions humaines, et donc il est donc impensable d’autoriser sa chasse. Les autre pays européens d’où proviennent les oiseaux hibernant en France font des efforts pour tenter d’inverser la tendance actuelle du succès reproducteur du courlis cendré, (voir : https://www.unep-aewa.org/sites/default/files/document/aewa_ec_iwg1_inf_4_eu_imsap_bwwgh_2018-2028.pdf) et nous devons les accompagner dans cette démarche positive.
Il est donc urgent et essentiel de valider la suspension de la chasse du courlis cendré non pas pour un an, mais pour une durée de 5 ans minimum.