Bournezeau, le 21 juillet 2020
Madame la Préfète,
En tant qu'associations pour la protection animale (NALA 85480) et pour la nature, la biodiversité et pour combattre le réchauffement climatique (Forests From Farms) nous vous envoyons notre avis défavorable concernant le ) nous vous envoyons notre avis défavorable concernant le Projet d'arrêté préfectoral autorisant la régulation du renard en tir de nuit par les lieutenants de louveterie de la Somme http://www.somme.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement/Environnement-Consultation-publique
Nous nous opposons contre ce projet d'arrêté pour les raisons suivantes:
Le note de présentation de l'arrêté ne donne pas de statistiques concrètes du nombre de l'espèce, ni des dégâts, ni des contaminations de l'homme par la Gale ou l'Echinococcose alvéolaire (cette dernière est une maladie très rare surtout dans la SOMME avec un taux d’incidence de < 0,001 pour 100.000 habitants) et il ne fournit donc pas de raisons concrètes et valables pour détruire 1600 renards.
En ce qui concerne les dommages aux activités agricoles il a été prouvé que le rôle nuisible du renard en tant que « mangeur de poules » est pratiquement nul, car il ne s’attaque pas aux grands élevages de volailles. Le renard ne s’attaque pas aux agneaux, chevreaux et autres veaux nés dans les prairies non plus. En revanche il joue un rôle d’épuration en dévorant les placentas. Pour éventuellement prévenir les supposés dégâts causés dans les petits élevages des mesures de prévention efficaces peuvent être mises en place (enterrer la clôture, effarouchement, etc.). La prévention devrait être prioritaire sur la destruction.
En ce qui concerne la surveillance épidémiologique de l’échinococcose alvéolaire : sur la base des données européennes disponibles, le nombre total de patients atteints en Europe est très faible. De plus l'abattage de renards se révèle inefficace et a été contesté scientifiquement depuis longtemps. Selon l'OMS et selon des études européennes et japonaises, le déparasitage des hôtes définitifs sauvages ou errants au moyen d’appâts contenant des anthelminthiques a permis d’obtenir des baisses significatives de la prévalence de l’échinococcose alvéolaire. Le projet de l’arrêté va donc à l’encontre des données scientifiques et serait contre productif.
Le renard est un être sensible et comme les mustélidés et les rapaces, a un rôle important dans la nature car il contribue à la régulation des populations de rongeurs. Si le petit gibier disparaît, c’est essentiellement la faute des chasseurs eux-mêmes, de l'agriculture intensive et d’une urbanisation croissante.
Il suffit de rappeler qu’un renard consomme de 6 000 à 10 000 rongeurs par an pour comprendre l’intérêt qu’il représente en tant qu’auxiliaire agricole. Par ailleurs, le renard ne sera jamais en surpopulation car c’est une espèce qui s’autorégule en fonction de la disponibilité en nourriture. Le Luxembourg en est un bel exemple. L'interdiction de chasse au renard depuis 2015 n'a pas eu d'impact sur leur population, a constaté la Ministre de l'environnement du Luxembourg récemment. Selon des données récoltées systématiquement via des caméras sauvages, leur nombre est resté stable.
En plus l’utilité de tels tirs n’est pas démontrée. C’est ainsi que le tribunal administratif de Strasbourg a annulé en janvier de 2018 un arrêté similaire du préfet de la Moselle, relevant l’inutilité d’une telle mesure : « il n'est pas démontré que la population de ces espèces sauvages serait menacée par la présence de l'espèce renard, ni que cet objectif rendrait nécessaire le tir de nuit de cette dernière. »
L'arrêté ne prend pas du tout en compte les résultats des études scientifiques qui prouvent que la présence des prédateurs comme les renards et les fouines sont justement bénéfiques pour lutter contre les infections véhiculées par les tiques et donc des infections par la bactérie de Borrelia qui sont à la base de la maladie de Lyme. Aux Pays-Bas on a montré que plus le nombre de renards et de fouines était important, plus le nombre de tiques infectées était faible !
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-renards-une-arme-efficace-contre-la-maladie-de-lyme_115320
Sachant que le nombre de cas de maladie de Lyme chez l'homme est en augmentation en France c'est tuer les renards qui posera un danger pour la santé publique au lieu que les renards eux-même poseront un danger à l'homme.
En vue de ces objections et du manque de rationalité dans ce projet, nous sommes de l’avis que cette régulation ne devrait pas être autorisée.
Je vous prie de croire en l'assurance de nos respectueuses salutations.
Marit de Haan
Présidente de l'association NALA 85480 et de Forests From Farms