Voici l'avis défavorable des associations vendéennes , Nos Amis Les Animaux 85480 ( www.nosamislesanimaux.com ) et Forests From Farms ( www.forestsfromfarms.org ) , sur la période complémentaire de vénerie sous terre du blaireau en Vendée. https://www.vendee.gouv.fr/Publications/Participation-du-public/Participation-du-public-en-cours/Arrete-prefectoral-autorisant-une-periode-complementaire-de-venerie-sous-terre-du-blaireau-en-2025
- La densité de populations du Blaireau européen est largement méconnue en France. "Comme toutes les espèces sauvages, les populations sont imparfaitement connues."confirme votre note de présentation de l'arrêté.
- De plus selon la note: « La France présente un rapport tous les six ans sur l’état des populations. Le prochain est prévu en 2025." Cette proposition concerne une période, c'est à dire l'année 2025, et est basée sur des données sur l'état des populations qui sont déjà dépassées et donc non pertinentes, c'est-à-dire sur les données d'un rapport de 2018-2019. Dans tous les cas, c'est l'état de la population locale qui est important et non l'état de la population en France.
- La note de présentation dit que :"La femelle met bas une fois par an de 2 à 7 jeunes en février-mars." Il n'y a certainement pas de consensus sur ces chiffres. Selon le rapport en lien ci-dessous * : "Les femelles ont une portée de 1 à 5 petits par an (moyenne européenne : 2,43 jeunes) et la moitié de la progéniture ne passera pas la première année." .... Nous avons vérifié ces chiffres avec les chiffres publiés par des organisations néerlandaises consacrées au blaireau. Le préfet fonde donc son arrêté sur des données non seulement non actualisées mais aussi beaucoup trop optimistes.
- Bien que le Conseil d'Etat se soit prononcé sur la vénerie sous terre des blaireaux en général, depuis ses conclusions plusieurs tribunaux se sont prononcés en faveur d'une suspension ou annulation d'arrêtés préfectoraux qui autorisaient une période complémentaire de vénerie sous terre des blaireaux sur des fondements différents. Et ceci même en Vendée pour l'arrêté de 2021 et pour cette raison, entre autres : " .... qu'il ressort d'études scientifiques que le comptage des terriers ne permet pas d'avoir une estimation fiable de la population de blaireaux, ....". Le chiffre de "1 498 terriers qui ont été détectés à la date de mars 2024" , cité dans la note du projet d'arrêté actuel, ne dit absolument rien et est particulièrement trompeuse. Il n'existe pas de données exactes sur le nombre de blaireaux en Vendée.
- Selon la note du projet: "La réglementation prend en compte le respect de l’animal chassé et des espèces protégées" C'est une blague ou quoi? La vénerie sous terre est et reste fondamentalement cruelle, même si on prend en considération l’article 3 de l’arrêté du 18 mars 1982, et sa version modifiée du 1er avril 2019. La vénerie sous terre n'est déjà plus pratiquée juste pour ces problèmes de non-respect de l'animal, et est même illégale, dans de nombreux pays européens. L'animal n'a aucune chance. Les animaux sont énormément stressés. Même les petits et les jeunes sont tués, de sorte qu'ils n'ont jamais la chance de vivre leur vie. Aussi, pour les chiens de chasse, cette méthode n'est pas sans danger. Les associations Nala 85480 et Forests From Farms s'opposent fortement à cette manière de chasse. En plus, la note constate que : "Si au cours des opérations de déterrage la présence d’un spécimen d’une espèce protégée (art. L. 411-1 CE) est découverte dans le terrier, il est mis fin immédiatement à la chasse sous terre dans ce terrier." Lors de la découverte d'un tel spécimen dans un terrier, il est déjà trop tard. L'animal est dérangé, ou attaqué/ tué par les chiens. Et comment le préfet va-t-il contrôler cette "fin à la chasse" sachant qu'il y a beaucoup trop peu d'agents disponibles à l'OFB en Vendée?
- Selon la note "... les dégâts sont confondus avec ceux causés par les sangliers." Les propositions dans la note sont contradictoires. D'une part, aucune différence ne peut être constatée entre les dommages / dégâts par les blaireaux ou ceux des sangliers et, d'autre part, la préfecture fonde donc cet arrêté sur des affirmations qui ne sont pas du tout vérifiables.
- Le projet d'arrêté permet la chasse dans la période complémentaire sur tout le territoire de la Vendée sous le prétexte de limiter les dégâts. Mais il y a sans doute les endroits où les blaireaux n'occasionnent pas de dégâts et donc la chasse n'y est pas justifiable!
- L'avis de la fédération départementale des chasseurs de la Vendée du 13 mars 2024 n'est pas disponible au public pour fonder un avis sur cette consultation.
- La raison pour laquelle la majorité des blaireaux sont capturés au cours des mois de mai à septembre est très probablement due aux conditions météorologiques et au fait que les piégeurs préfèrent ne pas être dehors dans le froid et sous la pluie pendant la saison de chasse. Cet argument pour une période complémentaire de vénerie sous terre est donc fallacieux, n'a aucune fondement scientifiquement et est uniquement pour la commodité et le confort du chasseur.
- La politique devrait viser à améliorer les relations entre les agriculteurs et les blaireaux afin que ces derniers soient acceptés comme faisant partie du paysage culturel et que certains dommages soient considérés comme allant de soi. Le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité donne une conclusion très claire de ses travaux sur « La cohabitation entre les blaireaux, l’agriculture et l’élevage » : « Ni le risque d’infection tuberculeuse en France ni les dégâts qui seraient causés aux cultures ne justifient un abattage massif de blaireaux. La réglementation devrait proscrire et pénaliser les méthodes d’abattage inhumaines, encourager l’exploration de voies alternatives à l’abattage.» Au lieu de moyens létaux pour réguler la population des blaireaux, si on en a vraiment besoin, et ce n'est certainement pas clair, des moyens humains sont ou devraient être utilisés. Nous citons à l'appui de ce point de vue une section du rapport "Société, nature et biodiversité. Regards croisés sur les relations entre les Français et la nature" par le Ministère de la Transition Ecologique de DÉCEMBRE 2021 : "Ainsi, notre enquête ethnographique a révélé une kyrielle de modalités de gestion, telles que déplacer ou disperser les populations lorsqu’elles deviennent gênantes (notamment pour les corbeaux ou les blaireaux qui occasionnent des dégâts aux infrastructures et voiries diverses), détruire les lieux de nidification et effaroucher par des moyens sonores ou visuels, introduire des quotas de destruction (à noter: ce qui est totalement absent dans la note de cette proposition) , limiter la prolifération par des opérations de stérilisation ou de contraception, introduire des prédateurs (à noter : ou encore mieux pas tuer les renards, qui sont les prédateurs principaux du blaireau) , ou même protéger les espèces en question (ce qui est une autre façon d’intervenir). La catégorie « gérer sous conditions » réunit toutes les formules non létales et de proximité, fines et contextualisées, y compris intervenir de façon différenciée selon les effectifs qu’il convient donc de surveiller. Les propositions très construites requièrent un minimum de savoirs et de familiarité avec la nature et ont pu être librement exprimées dans le cadre méthodologique des entretiens ethnographiques." https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/publications/thema_analyse_10_societe_nature_biodiversite_decembre2021.pdf
- Et enfin: Le blaireau est déjà strictement protégé dans beaucoup de pays de l'Europe: en Belgique, en Angleterre, en Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark, au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce. La France devrait suivre leur exemple.
Pour toutes ces raisons mentionnées ci-dessus, nous nous opposons à cette proposition.