Madame la Préfète,
Voici l'avis défavorable des associations #Nala85480 et #ForestsFromFarms sur le projet d’arrêté autorisant le tir de nuit de régulation du blaireau par les lieutenants de louveterie.
Évidemment, la question primordiale à se poser est pourquoi il faut encore chasser les blaireaux en France, sachant que dans d'autres pays de l'Europe il est déjà strictement protégé: en Belgique, en Angleterre, en Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark, au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce? Et donc dans ces pays on a trouvé des solutions pour cohabiter avec les blaireaux sans leur abattage. Dans la note de présentation du projet d'arrêté, on donne ni statistiques des comptages, ni statistiques des dommages, ni statistiques d’accidents. Les blaireaux sont déjà abattus pendant 4 mois dans l’année (du 15 septembre au 15 janvier). Sans observations et données plus concrètes, la décision d'une période supplémentaire de 3 mois, qui résulte donc en une période de chasse de 7 mois au total, n'a selon nous pas de fondements scientifiques.
Le blaireau est un animal très discret et utile, qui sort la nuit pour se nourrir de vers de terre, d'insectes, de fruits ou de grenouilles. Les scientifiques qui ont travaillé sur le sujet ici en France s’accordent à estimer que les densités de population iraient de 0,1 à 4 ou 5 blaireaux par kilomètre carré. Donc il n’y a pas vraiment une surpopulation surtout si on les compare avec d’autres pays comme l’Angleterre, où elles peuvent atteindre 10 individus au kilomètre carré.
En ce qui concerne les dégâts censés être causés par les blaireaux, le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité, dans son avis publié lundi le 13 juin 2016, met sérieusement en question la pratique de l’abattage et les motifs invoqués pour le faire: «ni le risque d’infection tuberculeuse en France ni les dégâts qui seraient causés aux cultures ne justifient un abattage massif de blaireaux». https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CSPNB%2020160601.pdf
Selon cette étude: on constate que : “les blaireaux ne recherchent pas la proximité étroite des exploitations, puisqu’une étude conduite en Irlande a montré que les blaireaux évitaient d’entrer dans les cours de ferme.... Le motif des dégâts aux cultures et aux machines agricoles, invoqué dans plusieurs départements, parait souvent affirmé sans être étayé par des observations quantifiées. Il faudrait pouvoir distinguer ce qui peut être le fait du blaireau ou plutôt le fait du grand gibier, et notamment du sanglier. Le mécontentement des agriculteurs est dû au fait que l’Etat n’indemnise pas les dégâts causés par le grand gibier ou par le blaireau. Bien souvent, le blaireau est accusé de tous les problèmes de façon indiscriminée et concentre les mécontentements. De ce fait, la réaction après des dégâts importants est de lancer des opérations de destruction des blaireaux....”
Le rapport conclue que “Toute réduction brutale des effectifs induit une perturbation de la structure sociale de la population, qui peut avoir des conséquences paradoxales. Ainsi, les études réalisées en Angleterre à la suite de campagnes de destruction massive de blaireaux ont montré une diminution de la densité de blaireaux, qui restait toutefois inférieure à l’attente, en raison d’une part, de la reconstitution partielle des populations après la saison de reproduction, et d’autre part, d’une augmentation des déplacements des blaireaux venant occuper des zones dépeuplées.” Le blaireau est une espèce protégé par la convention de Berne. L'abattage du blaireau ne “doit pas porter atteinte à l'état de conservation de son espèce, inscrite à l'annexe III de la convention de Berne.” Comment allez-vous respecter cette condition?
Si vraiment besoin il faut développer des méthodes « humaines » pour réguler les espèces qui peuvent causer des nuisances.
Pour conclure :
Au lieu de tuer des animaux sauvages, les agriculteurs et les chasseurs seraient mieux occupés à planter des arbres et créer des espaces de vie pour la vie sauvage. Les données scientifiques les plus récentes montrent que la vie sur terre est menacée. L’espèce humaine n’est qu’une petite partie de la chaîne écologique. La disparition des autres espèces mènera à la disparition de l’espèce humaine.
Emmanuel Macron, pour contrer le slogan de Donald Trump « Make America Great Again ! », a inventé son propre slogan : «Make Our Planet great Again!» Quand actuellement toutes les données scientifiques montrent que nous entrons dans une crise environnementale planétaire, continuer la chasse en France ferait preuve de l’insincérité, de l’hypocrisie et du manque de bon sens de ceux qui sont censés veiller sur nous et protéger notre environnement.
En vue de ces objections et du manque de rationalité dans cet arrêté, nous sommes de l’avis que cet arrêté ne devrait pas être approuvé.
Cordialement,
Marit de Haan
Présidente de Nos Amis Les Animaux 85480 et de Forests From Farms