Note de présentation:
Projet d’arrêté: http://www.loir-et-cher.gouv.fr/content/download/18725/118988/file/Arr%C3%AAt%C3%A9%20Venerie%20blaireau%202020-2021%20v3.pdf
Monsieur Le Préfet,
Voici l'avis défavorable des associations #Nala85480 et #ForestsFromFarms sur la période complémentaire de vénerie sous terre du blaireau dans le département de Loir-et-Cher.
Évidemment, la question primordiale à se poser est pourquoi il faut encore chasser les blaireaux en France, sachant que dans d'autres pays de l'Europe il est déjà strictement protégé: en Belgique, en Angleterre, en Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark, au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce? Dans la note de présentation du projet d'arrêté, on donne ni statistiques des comptages, ni statistiques des dommages, ni statistiques d’accidents. Les blaireaux sont déjà abattus pendant 4 mois dans l’année (du 15 septembre au 15 janvier). Sans observations et données plus concrètes, la décision d'une période supplémentaire de 4 mois, qui résulte donc en une période de chasse de 8 mois au total, n'a selon nous pas de fondements scientifiques.
Le blaireau est un animal très discret et utile, qui sort la nuit pour se nourrir de vers de terre, d'insectes, de fruits ou de grenouilles. Les scientifiques qui ont travaillé sur le sujet ici en France s’accordent à estimer que les densités de population iraient de 0,1 à 4 ou 5 blaireaux par kilomètre carré. Donc il n’y a pas vraiment une surpopulation surtout si on les compare avec d’autres pays comme l’Angleterre, où elles peuvent atteindre 10 individus au kilomètre carré.
En ce qui concerne les dégâts censés être causés par les blaireaux, le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité, dans son avis publié lundi le 13 juin 2016, met sérieusement en question la pratique de l’abattage et les motifs invoqués pour le faire: «ni le risque d’infection tuberculeuse en France ni les dégâts qui seraient causés aux cultures ne justifient un abattage massif de blaireaux». https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CSPNB%2020160601.pdf
Le Loir-et-Cher pourra suivre le bel exemple de madame Catherine Le Troquier, maire du village de Valaire dans votre département, qui a interdit pour des raisons évidentes la pratique de la vénerie sous terre du blaireau sur tout le territoire de sa commune. C'est un signal fort que la vénerie sous terre ne doit plus se faire et n'est plus moralement acceptable dans notre société moderne où les animaux sauvages ont été prouvés d'être des animaux doués de sensibilité.
La vénerie sous terre est fondamentalement cruelle. Elle n'est déjà plus pratiquée, et est même illégale, dans de nombreux pays européens. L'animal n'a aucune chance. Les animaux sont énormément stressés. Même les petits et les jeunes sont tués, de sorte qu'ils n'ont jamais la chance de vivre leur vie. Aussi, pour les chiens de chasse, cette méthode n'est pas sans danger. Le Conseil de l’Europe recommande d’interdire le déterrage : « Le creusage des terriers, à structure souvent très complexe et ancienne, a non seulement des effets néfastes pour les blaireaux, mais aussi pour diverses espèces cohabitantes, et doit être interdit. »
Le blaireau est inscrit à l’annexe III de la Convention de Berne. Aux termes de l’article L. 424-10 du Code de l’environnement, « il est interdit de détruire (…) les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée » ; or, les jeunes blaireaux ne sont absolument pas sevrés et forcément ne sont pas émancipés au mois de juin.
Si vraiment besoin il faut développer des méthodes « humaines » pour réguler les espèces qui peuvent causer des nuisances.
Pour conclure : Il est temps de prêter attention à la science et de lâcher les « traditions » du moyen âge.
Au lieu de tuer des animaux sauvages, les agriculteurs et les chasseurs seraient mieux occupés à planter des arbres et créer des espaces de vie pour la vie sauvage. Les données scientifiques les plus récentes montrent que la vie sur terre est menacée. L’espèce humaine n’est qu’une petite partie de la chaîne écologique. La disparition des autres espèces mènera à la disparition de l’espèce humaine.
Emmanuel Macron, pour contrer le slogan de Donald Trump « Make America Great Again ! », a inventé son propre slogan : «Make Our Planet great Again!» Quand actuellement toutes les données scientifiques montrent que nous entrons dans une crise environnementale planétaire, continuer la chasse en France ferait preuve de l’insincérité, de l’hypocrisie et du manque de bon sens de ceux qui sont censés veiller sur nous et protéger notre environnement.
En vue de ces objections et du manque de rationalité dans cet arrêté, nous sommes de l’avis que cet arrêté ne devrait pas être approuvé.
Cordialement,
Marit de Haan
Présidente de Nos Amis Les Animaux 85480 et de Forests from Farms