Nos Amis Les Animaux 85480
2, Place de la Mairie
85480 Bournezeau
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www.nosamislesanimaux.com
Avis défavorable de l'association Nos Amis Les Animaux 85480 à la consultation publique concernant l'augmentation d’un effectif de poulettes dans des bâtiments existants par EARL GATINEAU sur la commune de Menomblet
« Alors
qu'une tentative du XIXe siècle d'élever 100.000 poules dans un
bâtiment aurait pris fin brusquement avec la mort des animaux, la
technologie nous a donné des antibiotiques, des vaccins, des
bactérines et des systèmes de traitement de l'air, ce qui a permis
aux animaux de survivre et de produire , tout en connaissant encore
un bien-être gravement tronqué »
( The Well‐Being of Farm Animals: Challenges and Solutions/Le
bien-être des animaux de ferme : défies et solutions de
Rollin and Benson 2004).
Les membres de l'association Nos Amis Les Animaux 85480, association qui prône le respect des êtres vivants, à Bournezeau - Vendée, donnent un avis DÉFAVORABLE à ce projet pour des raisons d'éthique.
Il s'agit d'un élevage de futures poules pondeuses qui partent vers des élevages de ponte après environ 18 semaines. Il n'est pas clair à partir des documents fournis par l'éleveur où ces poulettes vont commencer leur carrière de poules pondeuses: dans des cages, des volières ou en plein air!
Pour l'élevage des poules pondeuses, dès leur éclosion dans les couvoirs, les poussins les plus faibles et les poussins mâles sont généralement gâzés ou broyés ou même étouffés dans des sacs poubelle, car ils ne serviront pas à la ponte. Pour l'instant, une solution humaine pour les mâles n'a pas encore été trouvée, donc on continue la destruction de ces animaux sensibles, chose inacceptable pour les membres de notre association. Même si le gouvernement travaille pour abolir le broyage fin 2021, ce qui n'est pas encore sûr, pour les poussins d'un jour qui à ce moment même subissent cette horreur ces bonnes intentions sont trop peu, trop tard.
Après la sélection des femelles, avant l'âge de 10 jours très souvent on leur coupe le bec, généralement par un faisceau infra-rouge soit par lame chauffée. L’épointage du bec ou le débecquage conduisent à des lésions tissulaires et nerveuses et sont, selon plusieurs recherches, associés à une douleur aiguë et chronique. Voici un extrait (traduit de l'Anglais) d'un article de Marc Bekoff, professeur émérite d'Écologie et Biologie Évolutionnaire à l'Université de Colorado:
Oiseaux avec un membre «perdu»
« Les scientifiques citent des preuves neurologiques pour le fait que le moignon amputé d'un oiseau continue de décharger des nerfs afférents anormaux dans les fibres s'écoulant du moignon pendant de nombreuses semaines après le débecquage , «semblable à ce qui se passe chez les amputés humains qui souffrent du syndrome du membre fantôme» (Duncan, The Science of Animal Well-Being (La science du bien-être animal), p. 5). La lame de couteau chaude utilisée pour le débecquage coupe un complexe de corne, d'os et de tissu sensible provoquant une douleur intense. Outre les troubles du comportement liés à l'alimentation et au lissage avec un bec partiellement amputé, un «souvenir» de la partie manquante du bec persiste dans le cerveau, les sensations faciales et du bec se produisent chez l'oiseau mutilé après la «guérison».
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En ce qui concerne la souffrance causée par un membre sectionné, il y a une différence entre, par exemple, un doigt, une griffe ou une jambe manquants, et une bouche mutilée. Cette dernière est une blessure beaucoup plus conséquente en ce qu'elle implique la nécessité fondamentale d'avoir à se nourrir par la douleur et la défiguration affectant tout le visage et le tractus gastro-intestinal de la victime. Au-delà des généralités sur la souffrance, comprenons que le bec des poulettes, comme pour tous les oiseaux, n’est pas seulement cette «chose» détachable avec laquelle ils picorent et piquent.
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Dans ce sens, Donald Bell et William Weaver écrivent : «Le tégument de la poule (peau et structures accessoires, par exemple le bec) contient de nombreux récepteurs sensoriels de plusieurs types permettant la perception du toucher (stimuli en mouvement et stimuli de pression), froid, chaleur et stimulation nocive (douloureuse ou désagréable). Le bec a des concentrations de récepteurs tactiles formant des organes spécialisés à l'extrémité du bec qui donnent à l'oiseau une sensibilité pour la manipulation et l'évaluation des objets. ... La taille du bec affecte l'expérience sensorielle d'une poulette dans plus de une façon. Cela prive l'oiseau de l'évaluation sensorielle normale des objets lors de l'utilisation du bec. »
(p. 80 https://www.amazon.com/Commercial-Chicken-Meat-Egg-Production/dp/B0087BXQ9G/ref=sr_1_3)
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Enfin, replaçons le débecquage dans un contexte où la procédure est menée par les ouvriers des couvoirs agricoles du monde entier. Dès que les poules, les dindes, les canetons et les oiseaux de l'industrie des œufs utilisés également pour la reproduction, éclosent dans les incubateurs mécaniques, ils tombent des carrousels métalliques dans la salle de «service» de l'écloserie où ils font l'expérience, et non du confort et des soins doux de leur mère poule, mais de la manipulation brutale des opérateurs qui hurlent et hurlent et les attrapent par la tête, le cou, les ailes et la queue tout en poussant leurs visages dans les machines à débecquer, se brisant les os, déchirant et tordant le bec et endommageant les articulations - le tout sans anesthésie ou soins vétérinaires »
(Glatz, pp. 87-92 https://www.amazon.com/Poultry-Welfare-Issues-Beak-Trimming/dp/1904761208)
Un certain pourcentage des poussins ne survit pas au voyage jusqu'à l'élevage. Les survivants sont élevés dans 4 bâtiments sans fenêtres ou ouvertures (voir les photos ci-dessous) et donc sans lumière naturelle. Il a été démontré par les scientifiques que la quantité d'hormones du stress chez les poules augmente en l'absence de lumière du soleil. https://juniperpublishers.com/jojcs/pdf/JOJCS.MS.ID.555723.pdf
Selon l’exploitant, c’est pour la “prise en compte du bien-être de ces volailles que les poulettes seront logées en volière facilitant le déplacement des volailles à l’intérieur des bâtiments.” On parle du bien-être des poulettes, mais en fait il s'agit d'une augmentation de 57% d’individues dans les 3 bâtiments concernés. Il nous semble que le profit est plus important pour l'éleveur que le bien-être de ses animaux.
Il y aura par bâtiment un maximum de 46.000 poulettes (32 volailles par m²). Ces densités peuvent causer des problèmes de bien-être :
une sur-mortalité de plus ou moins 8 % n'est pas rare (trop d’animaux, pas suffisamment de contrôles, races faibles). Certains oiseaux sont tués pour mettre fin à leur souffrance, d’autres sont tout simplement trouvés morts.
il a été démontré que les poules sont capables de distinguer entre 100 autres individus. Sachant que les poules sont énormément sensibles, les obliger à vivre avec 45.999 autres dans un bâtiment clos, entassées l’une sur l’autre, est source de stress, encourage le picage et donc des risques de blessures. https://juniperpublishers.com/jojcs/pdf/JOJCS.MS.ID.555723.pdf
avec beaucoup trop d'animaux, il y aura plus de déchets, plus de risques de maladies comme la salmonelle ou la grippe aviaire, plus de risques de parasites comme les poux rouges (dans une étude aux Pays-Bas par L'Université de Wageningen, WUR, dans 80% des élevages des poux rouges ont été détectés. Sachant que peu de traitements sont autorisés, la présence des poux est très stressante et mauvaise pour la santé des poulettes. Quelles sont les solutions proposées par l'exploitant pour les problèmes des parasites? https://www.wur.nl/upload_mm/5/3/f/c436931b-1aef-4c22-84be-4b15303c2374_Resultaten%20bloedluis%20enquete%2029-3.pdf).
Pour l'instant il n'y a pas de règles sur la densité d'oiseaux dans les élevages de poulettes en pré-ponte, mais cela peut changer. Pour les poules pondeuses en production la densite est 9 oiseaux par m². https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:31999L0074
La Commission Européenne est en train de préparer un plan d'action pour les poules pondeuses en liberté et la phase pré-ponte (donc l'élevage de poulettes). Déjà, en 2019, un group de travail de la Commission Européenne s'est penché sur les problèmes de bien-être de ces poulettes (densité, environnement, qualité de l'air, le débecquage et ainsi de suite). Cela veut donc dire qu'il y aura à l'avenir très probablement une nouvelle directive européenne qui sera implémentée ici en France et qui conduira à une loi ou un changement de loi qui pourra prescrire des densités maximales de poulettes dans ces élevages ou autres mesures de bien-être. Pour l'éleveur c'est donc un risque d'investir dans un projet sachant qu'un changement de loi l'obligera sous peu à baisser le nombre de ses poulettes.
Autres problèmes de bien-être des poulettes:
les fractures des os du bréchet. Les souches de poules pondeuses utilisées majoritairement en élevage aujourd’hui ont été sélectionnées pour leur capacité à produire des œufs en grande quantité, avec une capacité de production de plus de 300 œufs par an (les poules dans la nature pondent seulement 20 oeufs par an!!!). La ponte n'est pas toujours sans problèmes et sans douleur. En plus, ces rendements élevés influent sur la solidité des os des oiseaux ce qui les rend plus vulnérables aux fractures. Les fractures du bréchet sont un problème de bien-être chez les poules élevées dans des systèmes hors-cages (bien qu’elles se produisent aussi dans des systèmes en cages). Ces fractures du bréchet sont sources de douleur, limitent les mouvements des oiseaux et sont donc une préoccupation majeure en matière de bien-être. https://www.agrociwf.fr/media/7432887/ciwf-etude-de-cas-stonegate-limportance-dun-systeme-delevage-adapte-aux-poulettes.pdf
les poulettes ont un comportement d’exploration peu développé et donc auront une faible utilisation du parcours d'extérieur dans leur futur foyer si elles sont destinées pour un élevage en plein air : à cause du fait que les poules sont élevées dans des bâtiments clos elles n'ont pas appris dès leur jeune âge (en préférence à partir de 10 semaines) à explorer l'extérieur. C'est comme un jeune chiot ou un chaton qui doit, pour une bonne sociabilisation, explorer son environnement et s'adapter à des situations différentes. Pour une poule c'est pareil. Une poule qui ne connaît pas l'extérieur en aura peur et restera près du bâtiment d'élevage où les animaux se concentrent en grand nombre, surtout s'il n'y a pas de haies, d'arbres, d'abris pour se cacher (ce qui est très souvent le cas). Le fait de ne pas s’éloigner du bâtiment et de ne pas utiliser l’ensemble du parcours impacte la capacité de la poule à satisfaire le comportement de recherche active de nourriture et augmente le risque de picage et de déplumage.
le transport après l’élevage vers les bâtiments de ponte est stressant. Il est commun d’attraper les poules par leurs pattes, 3 poules par main, pour les mettre dans des boîtes de transport, plusieurs poules par boîte (le plus que possible) https://www.dailymotion.com/video/x4et9y6
à la fin d’une courte vie de généralement 90 semaines (une poule d’une race rustique peut vivre plus de 10 ans) quand la mue commence, et quand les rendements sont faibles (une poule qui mue ne pond pas) elles sont prêtes pour la “réforme” (un euphémisme pour éviter le mot abattage).
et finalement l’abattage, avec ou sans étourdissement, est source de stress et de souffrance.
Un élevage d'une telle ampleur pose un risque d’épidémies de zoonoses comme par exemple la grippe aviaire qui peut déclencher une nouvelle pandémie humaine. Déjà en 2005 l'ancien Directeur Général de l'Organisation Mondiale pour la Santé, le Dr LEE Jong-wook, avait déclaré dans un discours: « Ce n'est qu'une question de temps avant qu'un virus de la grippe aviaire n'ait la capacité d'être transmis d'homme à homme, déclenchant une pandémie humaine de la grippe ... Nous ne savons pas quand cela va arriver, mais nous savons que cela se produira. » Après ce que nous avons vécu avec la COVID-19, une crise dont nous ne sommes pas encore sortis, nous pensons que donner feu vert à ces types d'élevages est irresponsable et met en danger notre population entière. Nous avons été surpris que dans le Résumé non technique de l'étude d'impact rien n’est dit sur des mesures pour éviter la grippe aviaire.
Cet élevage met aussi en danger la volaille des basses-cours des particuliers autour de l'élevage. Ce qui est encore plus frustrant, c'est que ces particuliers, qui cherchent à s'occuper dignement de leurs animaux, ne peuvent pas faire vacciner leurs oiseaux contre la grippe aviaire pour les protéger contre cette maladie.
Quand on connaît bien la vie des poules (comme c'est le cas, d'expérience, des membres de notre association), il est incompréhensible et inacceptable de voir ce que font les fermiers à ces jeunes êtres sentients et sociables. Les poulettes sont elevées sans leur mère, subissent des mutilations et des procédures douloureuses et stressantes, sont entassées en nombres excessifs, sont traitées comme des objets inanimés, pour être enfin exploitées pour leurs oeufs et tuées quand leur "production" baisse tant soit peu. Une vie courte et misérable dont même les experts et chercheurs ne comprennent pas l'étendue des effets sur ces animaux. Anil Seth, professeur de neuroscience cognitive et computationnelle à l'Université de Sussex, est cité dans un article de Nick Turner dans l'Independent de 2017: “Our current understanding of human and animal consciousness is sufficient to warrant at least a “precautionary principle” in our attitude to non-human consciousness: animals should be considered as potentially feeling, sentient beings.” (Compte tenu de notre compréhension actuelle de la conscience humaine et animale, on devrait au moins se tenir à un principe de précaution en ce qui concerne notre attitude envers la conscience des êtres non humains: les animaux devraient être considérés comme potentiellement sentients et sensibles.) https://www.independent.co.uk/news/long_reads/do-animals-dream-of-electric-humans-a8027861.html
Ou, dans les mots du Dr Karen Davis (du United Poultry Council des Etats Unis): "When we are uncertain, even only slightly, about their ability to experience pain or to suffer, individual animals should be given the benefit of the doubt. There is a great deal of uncertainty about the phylogenetic distribution of pain and suffering." ( Quand on est dans l'incertitude, qu'on ait le moindre doute, sur la capacité des animaux à sentir la douleur ou la souffrance, il faut donner le bénéfice du doute aux animaux individuels. Il y a beaucoup d'incertitude en ce qui concerne la distribution phylogénétique de la douleur et de la souffrance.) https://www.psychologytoday.com/us/blog/animal-emotions/202004/assuming-chickens-suffer-less-pigs-is-idle-speciesism
Gros problème: les éleveurs ne considèrent pas leurs animaux comme des individus, chacun avec leur caractère, mais comme un "cheptel", constitué d'objets tous pareils les uns aux autres, et dépourvu de toute valeur sauf monétaire.
Conclusion: ces fermes devraient être progressivement abolies au long terme avec l'aide du gouvernment qui aidera les éleveurs à se former à d'autres méthodes et à des emplois alternatifs. Et entretemps le gouvernment devrait investir dans la production d'aliments alternatifs à la viande, les oeufs et les produits laitiers, non seulement pour le bien-être animal mais aussi pour mitiger le changement climatique car la production des produits d'origine animale, selon les dernières découvertes scientifiques, a un effet plus néfaste encore sur le climat que l'effet des voitures et des avions.... https://www.independent.co.uk/environment/farming-eu-emissions-cars-road-vehicles-climate-impact-greenpeace-b552317.html
Nous sommes de l’avis que pour toutes ces raisons, et à long terme, un élevage comme celui-ci n'est plus viable éthiquement, écologiquement ou économiquement.
Bournezeau, le 7 octobre 2020
Marit de Haan
Présidente de Nos Amis Les Animaux 85480